Nous voilà enfin de retour en Inde et heureux de renouer avec cette culture millénaire si empreinte de spiritualité, de culture mythique et de couleurs. Nous en avons plein les yeux dès notre arrivée à Calcutta (Kolkata) où nous transitons pour 2 jours afin de rejoindre Varanasi (Bénarès) et y célébrer Holi, la fête des couleurs. Holi est une fête hindou importante qui vient célébrer l’équinoxe de printemps. Cela fourmille dans tous les sens, un bruit assourdissant, des Klaxons, des sollicitations de toute part. Et au hasard de nos ballades dans cette ville tentaculaire, nous voyons au loin des jets de couleurs et entendons de la musique. Du coup, nous rapprochant nous nous faisons aspirer dans ce cortège joyeux, bon-enfant qui en fait est un pré-Holi. Pris au dépourvu, sans aucune protection pour nos appareils photos et des vêtements non adaptés, nous comprenons vite que si nous voulons vivre cette expérience, nous devrons faire quelques sacrifices. Des poudres de pigment que tout un chacun vient frotter sur le visage en criant « Happy Holi », des jets de couleurs en éventail, en l’air et sur les passants, tout est permis. Les enfants font partie de la fête avec des jets d’eau colorée qu’ils aspergent avec des pistolets à eau. Des musiciens sont présents pour amplifier la folie à ce moment inattendu. Incroyable ! Nous faisons définitivement partie de la fête et les locaux se font un plaisir de nous donner double ration de couleurs comme si en tant que blanc nous en manquions sérieusement. C’est donc tous colorés que nous poursuivons notre visite express de Calcutta en nous dirigeant vers le marché aux fleurs et l’emblématique Howard bridge, pont réputé pour avoir été la scène de multiples films. Le marché aux fleurs est hallucinant et d’un autre âge. Principalement des fleurs de cérémonie de couleurs orange et jaune à perte de vue, les centaines de marchants sont à même le sol et des porteurs font des va-et-vient comme dans une fourmilière. Le pont très fréquenté surplombant le marché est en forme de grande structure métallique. Il est impressionnant et enjambe le mythique fleuve du Gange considéré comme sacré par les hindous. Bref, en moins d’une journée à Calcutta, nous avons oublié la morosité de la Thaïlande et d’une partie des Philippines.

Arrivés à Varanasi, la machine à remonter le temps s’est emballée pour nous propulser dans l’une des plus vieilles villes au monde toujours habitée depuis plus de 3500 ans. Les mots « sacré » et « spirituel » prennent tout leur sens. La ville est située sur les rives du Gange et est considérée comme l’un des sept endroits saints de l’hindouisme. Les hindous croient que la ville a été créée par le dieu Shiva lui-même. Varanasi est également connue pour ses « ghats », des marches qui descendent jusqu’au Gange, où les pèlerins se baignent et pratiquent des rituels religieux. Le Manikarnika ghat est quant à lui un lieu de crémation pour les hindous, depuis des temps anciens jusqu’à nos jours sans interruption. Être incinéré à cet endroit permet d’atteindre « moksha », la sortie du cycle des réincarnations (le salut, but ultime de tout hindou). Entre 240 et 400 cortèges funéraires traversent la ville chaque jour pour rejoindre le crématorium à ciel ouvert. Les cendres sont ensuite dispersées dans le fleuve. On y voit également des « chercheurs d’or », qui viennent y remuer la boue pour en extraire les bijoux des défunts.

Tous les soirs à 18 h 30, a lieu la cérémonie Aarti sur le ghat principal Dashashwamedh. Nous avons eu la chance de pouvoir participer à ce spectacle impressionnant qui attire des milliers de pèlerins tous les soirs. 7 prêtres hindous chantent des mantras et allument des feux qu’ils agitent en rythme en l’honneur du Gange. Incroyable de vivre ce moment en communion avec la ferveur des participants !

La pauvreté et la misère sont malheureusement très présentes. Difficile de rester insensible devant le nombre incalculable de femmes, d’hommes et d’enfants qui dorment dans la rue à même le sol. Des habitations de fortune type bidon ville pullulent dans la ville. Les castes plus aisées trouvent cela normal sous couvert de Karma et de réincarnation. Seul point commun entre ces castes que tout oppose, elles se retrouvent au bord du Gange pour s’y baigner et prier. Un monde bien différent du nôtre qui laisse à réfléchir.

La fête de Holi à Varanasi est toute aussi délirante qu’à Calcutta sauf que nous pouvons y ressentir une plus grande insécurité. Les hommes représentent plus de 90 % des festifs et l’alcool aidant, la situation se tend au fur et à mesure de la journée. Des milliers de personnes sont amassées sur une place et dansent au rythme de la musique endiablée. Beaucoup nous demandent des selfies après nous avoir recouvert le visage de multiples pigments colorés. Les attaques de couleurs viennent de toute part. Depuis les balcons sont jeté des sceaux ou des bombes d’eau teintée et tout le monde a des réserves de pigments dans ses poches. Fatigués et rincés, nous rentrons avec la joie d’avoir vécu ces moments qui faisaient partie de nos rêves.

Prochaines étapes, Le Rajasthan, puis le Kashmir pour probablement repasser en France en mai/juin.

Je tiens également à honorer Anaëlle, ma chère et douce compagne, qui depuis 3 ans partage ma vie. Nous vivons ensemble H24 et c’est un bonheur que de partager avec elle toutes ces aventures, ces souvenirs et ces nombreux rires. Elle m’est par ailleurs d’une aide précieuse quant au tri de mes nombreuses images et la relecture de mes textes. Merci mon amour !

Je vous embrasse et vous souhaite des rêves multicolores