De la Thaïlande aux Philippines, du tourisme de masse à l’authenticité retrouvée

 

Après le feu d’artifice de l’Inde et en particulier de Pondichéry, le choc fut rude de nous retrouver à Bangkok en Thaïlande. Une ville moderne avec des gratte-ciels qui poussent de tous côtés sur les ruines des villes anciennes, des shopping malls gigantesques, un tourisme de masse qui vient pour consommer avec frénésie. Une ville qui vit sur ses excès ; prostitution sous couvert de massage, marijuana en libre-service, luxe qui côtoie la misère… Étant en faveur de la dépénalisation de la marijuana, je trouve regrettable que toute une frange de la population occidentale doive parcourir tant de km pour consommer. Bref, première grosse déception de notre voyage. Nous décidons donc d’explorer le nord du pays en espérant nous éloigner de ce brouhaha et y trouver plus d’authenticité car la plupart des touristes y viennent pour la mer bleue et le soleil du sud. A contrario de l’Amérique latine et de l’Inde, la déchéance de ce pays est principalement due à son manque d’encrage spirituel et culturel. Selon moi, la colonisation effrénée des esprits par le capitalisme a fait perdre son âme à ce pays. Seul point positif, quelques temples aux splendeurs conservées, les marchés flottants où nous avons passé un moment délicieux à déguster de barque en barque la cuisine locale et un combat de boxe thaï à Rajadamnern boxing stadium, temple de ce sport vénéré par les thaïlandais. Ces 15 jours passés en Thaïlande nous ont paru une éternité.

Nous prenons enfin le chemin des Philippines. Quelques jours à Manille, la capitale pour commencer, plein d’espoir de nous reconnecter à ce que nous aimons dans ce voyage. Mais là aussi, une ambiance glauque, où prostitution et pauvreté côtoient hôtels de luxe et fortunes exposées. Des buildings poussent en tous sens dans ce pays à 2 vitesses où plus aucune trace de son histoire n’est visible. Nous partons rapidement sur une des 6000 îles que forment cet archipel et arrivons sur l’île de Siquijor. Là, le décor est magnifique, une mer de carte postale d’un bleu turquoise, une jungle luxuriante et peu d’infrastructures touristiques. Au hasard de nos promenades en scooter, nous rencontrons un Chamane qui nous prodigue un soin traditionnel consistant en une fumigation de plantes sacrées et un massage aux herbes médicinales tout en murmurant des prières.

Un point sur la nourriture : peu de place ce dernier mois pour les végétariens que nous sommes !  Nous nous étions régalés en Inde et depuis la Thaïlande, la mal bouffe est plus que présente dans un pays fort consommateur de viande. Nous trouvons un petit restaurant végan sur l’île et ne manquons pas d’y aller tous les jours pour une cure gustative. Puis de retour à Manille, nous louons une voiture pour parcourir le nord de l’île à la recherche des chirurgiens aux mains nues. Depuis le début de ce voyage les médecines alternatives se sont naturellement imposées à nous et la curiosité nous a menée jusque-là.  Ces « chirurgiens » font parait-il des miracles là où la médecine traditionnelle trouve ses limites. Nous nous retrouvons donc à Baguio dans le nord de Manille pour quelques jours, ville sans charme mais des vues splendides et une nature omniprésente. Nous y rencontrons enfin un chaman, mais très vite nous nous rendons compte de la supercherie et le business autour de cette médecine à laquelle les philippins eux même ne croient plus.

Nous avons la chance de pouvoir célébrer la fête des Fleurs de Panagbenga, où des chars floraux spectaculaires sont exposés, beaucoup de monde dans les rues à l’occasion de cet événement festif. Nous quittons Baguio rapidement pour explorer l’extrême nord de l’île principale des Philippines. A Sagada nous découvrons les tombeaux suspendus typiques de cette région. Un rite funéraire deux fois millénaire, les morts n’étaient pas enterrés mais leurs cercueils étaient accrochés sur un rocher ou posés à même le sol dans des cavités. Nous y découvrons également la grotte de Sumaguing « la princesse des grottes » que nous visitons tels des spéléologues pour découvrir des richesses géologiques enfouies. L’enchantement du voyage nous rejoint enfin et c’est les yeux grand ouverts et émerveillés que nous traversons des paysages vallonnés, des rizières en terrasse qui offrent des vues spectaculaires qui nous rappellent le Pérou. Sans hésiter, c’est l’une des plus belles découvertes de notre voyage ! Encore préservées du tourisme, ces régions reculées ont gardé une typicité qui nous ravi. Enfin, depuis le départ de l’Inde nous nous reconnectons avec plaisir au type de voyage que nous chérissons. Malheureusement nous ne pouvons nous y attarder car nous souhaitons retourner en Inde pour y célébrer la fête des couleurs, « Holi », sujet du prochain article.

Petit aparté sur une prise de conscience de plus en plus forte me concernant : la maltraitance animale. Je suis de plus en plus sensible à la vue de tous ces animaux qui sont traités comme de la marchandise et des biens de consommation. Des combats de coqs que l’on utilise pour des paris d’un autre âge, des poulets entassés par dizaines dans des petits volumes sans hygiène, des cochons que l’on transporte sans égard en les laissant hurler sans vergogne, ces animaux que l’on coupe, que l’on expose aux quatre vents sans respect. Bref ces animaux stressés que l’on mange et dont la chaire en décomposition génère chez l’homme des maladies. Je suis devenu végétarien depuis 2 ans sans pouvoir être végan car trop compliqué en voyage et je me rends compte que le retour en arrière sera impossible. Comme le disait Gustave, le grand père d’Anaëlle, « le secret d’une bonne santé, est un régime frugal : fruits, céréales, légumineuses et ne plus manger de cadavre ». Nous avons récemment regretté son départ à l’âge de 97 ans, toujours bon pied bon œil après 75 ans de végétarisme à son actif.  Le mantra de papy Gustave résonne souvent dans ma tête et a contribué à ma prise de conscience.

One Comment

  1. pazoumian 7 mars 2023 à 20 h 56 min- Répondre

    Bien sur la Thailande avec en plus la proximité de la guerre au Vietnam ce n’est plus authentique. Les iles des Philippines, très bien. Des photos toujours passionnantes mais il manque les couleurs et les fêtes d’Amérique du sud (nostalgie, nostalgie !!!).
    Merci et on attend la suite .

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